Gravure extraite de Le Vampire de Jean Mistler, Editions du Rocher, 1944 |
Nosferatu n’est pas un homme d’un autre temps, mystérieux et raffiné. Il est de tous les temps, sans épaisseur, sans ombre. Il ne s’inscrit pas dans le mythe romantique. Il n’y a qu’à comparer les physionomies et les interprétations et de Carlos Villarias dans le Dracula de Georges Melford (1931) et Bela Lugosi dans celui de Tod Browning (1931), avec celles de Max Schreck.
Nosferatu n’est pas un être de désir. Il fonctionne comme un organisme primaire. Il a besoin de sang pour sa survie. Il s'abreuve à la gorge de Mina. Il ne suscite rien, seul la nécessité le guide. Il ne restitue rien à la femme, il ne la révèle pas dans sa sexualité, il prend : c’est un usurier qui manœuvre dans un monde d’objet. Nosferatu est incapable de réhabiliter le désir fondateur.
Par son mort-vivant, Nosferatu proviendrait du roumain « nu sfîrşitul » qui signifie « le non fini », c'est-à-dire le non-mort, Murnau est en quelque sorte l’inventeur des zombies et de l’homme moderne.
Filmographie :
_ Nosferatu, (Nosferatu, eine Symphonie des Grauens), Friedrich Murnau, 1922, avec Max Schreck.
_ Dracula, George Melford, 1931, avec Carlos Villarías. Il s'agit d'une adaptation assez fidèle du roman de Bram Stocker.
_ Dracula, Tod Browning, 1931, avec Bela Lugosi.